La participation des étudiants est loin d’être un phénomène spontané qui ne demande qu’à pouvoir s’exprimer. Elle demande une bonne préparation qui implique
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Recommandations pour favoriser la participation Construire un cadre favorable et gérer la participation 1. Préparer la participation des étudiants : La participation des étudiants est loin d™être un phénomène spontané qui ne demande qu™à pouvoir s™exprimer. Elle demande une bonne préparation qui implique souvent bien plus de temps que la préparation d™un exposé. Et la participation doit être aiguillonnée et stimulée pour atteindre pleinement les objectifs visés. Pendant la phase de préparation d™un enseignement, il convient de : ¨ Planifier les interventions des étudiants dans le cours. ¨ Formaliser et structurer le type de participation. ¨ Choisir la façon : individuel, duo, petit groupe, tour de table, débat, jeu de rôle, etc– ¨ Préparer des supports et le matériel nécessaire. 2. Organiser la participation des étudiants Les participants s™impliquent plus facilement s™ils sont au clair avec les objectifs et avec ce que l™on attend d™eux. S™agit-il de résoudre un problème ? De faire des relations avec des contenus abordés ailleurs ? De donner son point de vue ? etc– Il convient donc de préciser les objectifs pédagogiques, ce que l™on souhaite que les étudiants parviennent à faire pendant ou à la fin de la discussion. ¨ Préciser le résultat attendu et expliquer les intentions pédagogiques. ¨ Donner des consignes claires : temps de réflexion, temps de parole, durée– ¨ Distribuer des rôles : le leader, la rapporteur, les secrétaire, le modérateur, etc. ¨ Préciser les règles du jeu : participation requise, honnête intellectuelle, responsabilités du groupe, écoute attentive, délais à respecter– ¨ Distribuer un support. 3. Doser la participation La participation active et soutenue n™est pas une panacée pédagogique. C™est pourquoi, il convient d™y recourir à bon escient. Par ailleurs, les étudiants doivent apprendre à participer et à s™engager dans ce mode de travail. Un bon usage de la participation implique de : ¨ Solliciter régulièrement la participation. ¨ Le faire en fonction des objectifs de formation. ¨ Pour consolider un apprentissage ¨ Pour obtenir du feed-back ¨ Pour dynamiser l™enseignement et relancer l™attention ¨ Toujours avec pertinence et à propos. ¨ Mais pas trop quand même !
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2 4. Créer un climat La participation vise avant tout l™expression des étudiants. Pour qu™elle soit possible, il est important de créer un climat de confiance, d™écoute et de respect. Cela peut se faire en explicitant très clairement, en faisant respecter les règles du jeu de communication (par exemple, éviter d™interrompre, de porter des jugements, se taire quand quelqu™un d™autre parle, etc–). Choisissez quelques règles qui vous paraissent fondamentales et rappelez-les régulièrement pour qu™avec le temps se développe une « culture » favorable à la discussion. ¨ Constituer le groupe : permettre à chacun de se présenter et échanger les noms. ¨ Annoncer ses intentions et objectifs. ¨ Amener progressivement à la participation : « chauffer la salle ». ¨ Prévoir un moment informel pour faire plus ample connaissance: verrée, apéritif de début de cours, etc. ¨ Aménager la salle de manière à ce que chacun puisse se voir. ¨ Encourager la prise de parole. ¨ Appeler les étudiants par leur nom. ¨ Valoriser et remercier les étudiants pour leur intervention. ¨ Corriger sans jugement et dans le respect. ¨ Noter et relever les résultats. 5. Assurer une fonction de régulation Evidemment, plus le groupe est important, plus la régulation des interactions sera un facteur important de succès. Il s™agit bien sûr de faire respecter les règles du jeu définies ci-dessus, mais c™est aussi accorder la parole, stimuler et contenir, gérer le temps, recentrer sur l™objectif. Il s™agit donc d™intervenir sur la forme, le processus et non sur le contenu de la discussion. ¨ Distribuer la parole. ¨ Circuler dans les rangs. ¨ Contenir les bavards. ¨ Limiter vos interventions. ¨ Respecter le temps. ¨ Gérer les conflits : clarifier l™objet de discorde.
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3 Formuler de bonnes questions 1. Préparer les questions Un bon questionnement qui stimule la réflexion et les apprentissages des étudiants ne s™improvise pas. Il est particulièrement difficile, entre autres, de trouver des questions dont la réponse ne se limite pas à un oui ou à un nom. Pour bien les préparer, il est recommandé de : ¨ Rédiger à l™avance les questions et de les organiser selon leur niveau de difficulté. ¨ Déterminer la manière de les poser en classe : à toute la classe, à une partie, à des groupes, etc.. ¨ Choisir le mode de réponse (oral et/ou écrit, après travail individuel ou en groupe) et les réponses attendues. 2. Motiver les étudiants à participer La participation s™amorce à partir de questions, c™est donc un aspect déterminant de la réussite. Pour « briser la glace », on peut penser à utiliser des questions pour lesquelles les participants peuvent avoir des réponses sans connaître la matière, par exemple, en posant des questions qui se rapportent à ce qui vient d™être dit, à leurs expériences, etc.. ¨ Accepter de laisser passer 10-15 secondes de silence avant les premières réponses. En effet, s™assurer que la question a été bien comprise, déterminer que l™on a quelque chose à dire et décider de le dire (donc de s™exposer) prend du temps ! ¨ Pour favoriser l™expression et la clarté, il peut être profitable de laisser un temps de réflexion individuelle (3-5™) et/ou un petit temps d™échanges en sous-groupes (10™) ou encore suggérer aux étudiants de préparer leur réponse par écrit. ¨ Commencer par des questions simples et progresser vers des questions de niveau plus élevé. ¨ Equilibrer le type de question et varier le niveau de difficulté d™une séance à une autre. ¨ Ne pas poser trop de questions en même temps. ¨ Parfois, il est utile d™orienter sur le nombre de réponses attendues pour focaliser les étudiants (quelles sont, selon vous, les 3 caractéristiques principales de cet auteur ? Les 5 fondements de cette approche ? Et les 4 notions clés que vous retenez ? etc–). 3. Choisir des questions qui renforcent l™apprentissage Il n™est pas facile de poser des questions claires et ouvertes qui facilitent l™apprentissage. Pour que la participation soit efficace : ¨ Préférez des questions ouvertes, qui commencent par « comment », « que », aux questions fermées (dont la réponse n™est que oui ou non). ¨ Eviter des questions de simple restitution d™informations. ¨ Préférez des questions pour lesquelles il n™y a pas une bonne réponse mais plusieurs réponses possibles Que retenez-vous ? A quoi d™autre que vous connaissez pouvez-vous rattacher cela ? Qu™y a-t-il de nouveau pour vous ? Comment comprenez-vous ? Comment pouvez-vous utiliser cela ? etc. ¨ Et donc évitez la question que l™on répète x fois jusqu™à ce que quelqu™un dise ce que l™on voulait !
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4 4. Explorer les différents raisonnements visés par les questions Les questions permettent d™explorer une grande variété de raisonnements ainsi que des compétences cognitives et de communication. N™hésitez pas à moduler le type de questionnement et à amener les étudiants à développer un raisonnement au-dessus de leur niveau habituel d™analyse. Questions de clarification ¨ Qu™entendez-vous par _ ? ¨ Quel est le point principal de votre intervention ? ¨ En quoi _ est relié à _ ? ¨ Est-ce que l™élément que vous soulignez est _ ou _ ? ¨ Selon vous, quelle est la notion importante dans ce cas ou cette situation ? ¨ En quoi cela est-il lié à notre problème, discussion, thème ? ¨ Que voulez-vous dire par cette remarque (ou commentaire) ? Que pensez-vous que X veut dire par cette remarque ou commentaire ? ¨ Y, pouvez-vous résumer en quelques mots ce que W vient de dire ? W, est-ce bien ce que vous vouliez dire ? ¨ Pourriez-vous me donner un exemple de ce que vous voulez dire ? ¨ Est-ce que _ serait un exemple de ce que vous dites ? ¨ Pourriez-vous développer un peu votre point de vue ou votre explication ? ¨ Pourquoi dites-vous que _ ? Questions pour creuser des suppositions et des hypothèses ¨ Quelle hypothèse faites-vous ? ¨ Comment supposez-vous que cela se passe ? ¨ Quelle autre hypothèse pourrait-on faire ? ¨ Comment expliquez-vous cette situation ? ¨ N™y a-t-il pas d™autres pistes à envisager ? ¨ En fait, quelle est la supposition faite par X ? ¨ Vous semblez supposer que _ . C™est bien ça ? ¨ Tout votre raisonnement s™appuie sur l™idée que _ . Pourquoi basez-vous votre raisonnement là-dessus plutôt que sur _ ? ¨ Vous semblez considérer que _ . Sur quoi vous fondez-vous ? ¨ Est-ce toujours le cas ? Qu™est-ce qui vous fait penser que _ s™applique dans ce cas ? Questions pour approfondir les raisons et les relations de cause à effet ¨ Pourriez-vous donner un exemple ? ¨ Comment le savez-vous ? ¨ Pourquoi pensez-vous que cela est correct ? ¨ Avez-vous des données qui confirment cela ? ¨ Quelles sont vos raisons de dire ça ? ¨ De quelles autres informations avez-vous besoin ? ¨ Pourriez-vous préciser les raisons pour lesquelles vous faites cette proposition ? ¨ Qu™est-ce qui vous a conduit à penser cela ? ¨ Ces éléments sont-ils suffisamment solides pour étayer votre hypothèse ? En quoi ? ¨ Comment cela s™applique-t-il à cette situation ? ¨ Y a-t-il des raisons de douter de ces évidences ? ¨ Quels autres arguments pourriez-vous trouver en faveur de cette hypothèse ? ¨ Quelles autres données pourriez-vous trouver en faveur de cette hypothèse ?
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5 ¨ Qui (qu™est-ce qui) pourrait confirmer ? ¨ Quel a été votre cheminement, votre raisonnement pour aboutir à cette conclusion ? Questions sur les points de vue et les perspectives ¨ Quelles pourraient être les hypothèses complémentaires ? ¨ Quelles pourraient être les alternatives ? ¨ Est-ce que cela arrive nécessairement ou est-ce seulement une possibilité ? ¨ Si _ et _ sont vraies, qu™est-ce qui pourrait aussi être vrai ? ¨ Est-ce que _ poserait la question différemment ? ¨ Est-ce que _ ferait une autre hypothèse ? Evaluer les implications et conséquences ¨ Comment pouvons-nous savoir si cela est vrai ? Ou est-ce bien comme cela que ça se passe ? ¨ Qu™est-ce que cela implique ? ¨ Est-il facile ou difficile de répondre à cette question ? Pourquoi ? ¨ Devons-nous mesurer quelque chose pour répondre à cette question ? Quoi ? Questions sur la question ¨ Pour répondre à cette question, y a-t-il d™autres questions auxquelles il faudrait répondre d™abord ? ¨ Cette question devrait-elle être « cassée » en plusieurs questions (ou sous-questions) ? ¨ Sommes-nous tous d™accord que c™est la bonne question ? ¨ En quoi cette question est-elle importante ? ¨ Est-ce bien la question la plus importante, n™y a-t-il pas une question sous-jacente plus importante ?
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6 Conduire une bonne discussion 1. Préparer et structurer la discussion L™art de la discussion réflexive et constructive n™est pas inné. Cette méthode demande, elle aussi, une préparation minutieuse et ordonnée pour obtenir une bonne implication des étudiants. Lors de la phase de préparation, il est important de : ¨ Planifier la discussion en fonction des objectifs pédagogiques. ¨ Préciser à l™avance toute forme de travail préparatoire avant une discussion : lectures, recherche d™informations, liste de questions à préparer. ¨ Annoncer et lancer une discussion en contactant les étudiants par courrier électronique 2. Initier la discussion : chercher l™amorce Les étudiants ne se précipitent pas aisément dans une discussion et ils ont tendance à y entrer progressivement, voire timidement. Pendant la phase de démarrage, il est important de bien initier la discussion. Les méthodes suivantes sont régulièrement utilisées pour amorcer la discussion : ¨ Faire référence à une expérience vécue par les étudiants ou à l™actualité ¨ Faire un lien avec d™autres cours. ¨ Poser une question qui suscite la controverse, affirmer une position contradictoire, faire l™avocat du diable. ¨ Miser sur le travail préparatoire des étudiants : une liste de questions préparées individuellement ou en groupe, les lectures, etc– 3. Gérer la prise de parole Les discussions vives ont tendance à partir dans tous les sens. La méthode contient une part d™incertitude en fonction de la participation des étudiants. Plus ils interviennent, plus le risque de s™égarer est grand. L™enseignant joue un rôle indispensable de cadrage. ¨ Diriger la discussion et contenir les écarts en fonction des objectifs : rappeler, si nécessaire, les buts de la discussion et couper court aux digressions en indiquant en quoi il s™agit d™une voie de traverse. Reporter à plus tard le développement des points connexes soulevés. ¨ Eviter qu™un conflit s™installe entre 2 ou 3 étudiants sans esquiver pour autant la confrontation d™idées : la confrontation et la réfutation sont d™excellents renforçateurs de l™apprentissage. ¨ Prévoir des respirations et des moments creux : toute discussion a son rythme et ses moments d™intensité. Les étudiants ont parfois besoin de reprendre leur souffle et de réfléchir avant de reprendre le débat.
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8 Contenir le bavard en – ¨ Discutant avec les étudiants de l™importance de pouvoir mener une discussion où la parole est bien partagée. ¨ En lui attribuant un rôle spécifique : observer, préparer un résumé, faire une synthèse, etc. ¨ Réitérant son intérêt de pouvoir entendre tout le monde. ¨ Filmant la discussion. ¨ En évitant de le renforcer par le contact visuel. ¨ Expliquant que la discussion tourne au dialogue à deux et en lui demandant de se taire jusqu™à la fin pour permettre aux autres de s™exprimer. ¨ Dans le pire des cas, en réglant le problème en face à face en dehors de la classe. Stimuler le timide en –. ¨ Faisant travailler au préalable les étudiants en duo ou en petits groupes ou en demandant de rédiger la réponse ¨ Invitant la personne à faire une contribution dans un domaine qu™elle maîtrise particulièrement bien. ¨ Formulant des questions simples à la portée de tous ou en demandant à la personne de faire référence à son expérience. ¨ Confiant une tâche simple à faire pour la prochaine séance. ¨ Se mettant proche de la personne, sans pour autant l™envahir. ¨ Renforçant sa prise de parole par un sourire, en notant au rétroprojecteur sa réponse, en valorisant son apport à la discussion, etc–.
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9 Organiser et encadrer le travail en groupe 1. Préparer le travail en groupe Comme toutes les méthodes interactives, le travail en groupe exige une préparation soignée qui nécessite souvent du temps. Il faut notamment : ¨ Choisir la forme de travail en groupe. ¨ Varier la taille et la composition des équipes. ¨ Préparer le matériel et les consignes. ¨ Choisir et aménager les locaux pour favoriser le travail en groupe. 2. Initier le travail en groupe Il ne suffit pas d™annoncer le travail en équipe, pour que les étudiants s™organisent spontanément pour former des groupes et qu™ils se mettent immédiatement au travail. La phase de démarrage demande à être soignée et un bon pilotage de la part de l™enseignant. Il faut : ¨ Clarifier le sens et l™objectif du travail en groupe ¨ Souligner les avantages et bénéfices du travail en équipe ¨ Donner des indications précises sur le travail à accomplir et rappeler les règles du jeu ¨ Rédiger les consignes de travail et les remettre aux groupes ¨ Préciser les modalités pratiques ¨ Expliciter le mode de restitution et les productions attendues ¨ Le cas échéant, préciser les modalités et les critères d™évaluation des étudiants 3. Encadrer le travail en groupe Une fois les étudiants au travail, même si l™enseignant s™efface au profit du travail des étudiants, il ne disparaît pas pour autant. Il devient une personne ressource et est garant du bon déroulement du travail. Son rôle consiste à fournir l™encadrement que la situation demande, celui-ci pouvant varier entre une forte guidance et le laisser-faire. Dans tous les cas, l™enseignant doit : ¨ Suivre la progression de chaque groupe. Décomposer, si nécessaire, le travail en étapes et proposer de partir des tâches les plus simples pour évoluer vers les tâches plus complexes. Donner des indications de temps pour chaque étape. ¨ Veiller à ce que chaque membre du groupe ait une tâche ou responsabilité spécifique. Le cas échant, donner une fonction à chacun (rapporteur, secrétaire, meneur de la discussion, etc.). ¨ Fournir du feed-back sur la progression du temps. Demande, par exemple, que le groupe rapporte sur les premières étapes du travail afin de vérifier s™il emprunte la direction souhaitée.
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10 ¨ Jouer le rôle du gardien du temps en rappelant le temps qui s™écoule. ¨ Soigner les moments de transition. ¨ Demander à chaque groupe de restituer son travail : alterner les présentations orales avec les comptes rendus écrits. ¨ Alterner et équilibrer les moments de travail individuel et de travail en groupe. ¨ Introduire, quand judicieux, un peu de compétition entre les différents groupes. 4. Evaluer le travail en groupe ¨ Discuter avec les étudiants de leur collaboration et de leur travail en équipe : proposer une auto-évaluation du fonctionnement du groupe. ¨ Analyser les éléments qui ont contribué favorablement au travail ainsi que les problèmes rencontrés. ¨ Discuter des différents rôles assumés dans le travail en groupe : leader, commentateur, traducteur, médiateur, etc– ¨ Se méfier de la lassitude.
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