Le modèle Trèfle chanceux représente, d’une part, la démarche d’inclusion des sans-emploi étant parvenus à la phase «chômage créateur» (Limoges, 1983) et,
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Tous droits r•serv•s † Revue des sciences de l’•ducation, 1998 This document is protected by copyright law. Use of the services of ‡rudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by ‡rudit. ‡rudit is a non-profit inter-university consortium of the Universit• de Montr•al, Universit• Laval, and the Universit• du Qu•bec … Montr•al. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ Document generated on 01/08/2022 1:11 p.m. Revue des sciences de l’•ducation Dans le cadre d†une insertion socioprofessionnelle, syst•matisation de la dimension ‡ lieu … Jacques Limoges Volume 24, Number 2, 1998 URI: https://id.erudit.org/iderudit/502012ar DOI: https://doi.org/10.7202/502012ar See table of contents Publisher(s) Revue des sciences de l’•ducation ISSN 0318-479X (print) 1705-0065 (digital) Explore this journal Cite this article Limoges, J. (1998). Dans le cadre d—une insertion socioprofessionnelle, syst•matisation de la dimension – lieu ƒ. Revue des sciences de l’•ducation, 24(2), 285⁄298. https://doi.org/10.7202/502012ar Article abstract Within the frame of the development of the dimension “lieu” as part of the “Tr‹fle chanceux” model, this article reports on a study of two instruments aimed at identifying employability positions. These instruments, the program “Copilot insertion” and a semi-structured interview, were administered to 88 subjects classified according to sex, training, and workplace experience. The results show that for a majority of comparisons, both inter-instrumental and inter-dimensional, the correlations were significant at the 0.01 level. For each instrument, the four dimensions that are specific to the model reflected these general results. However, as no significant correlation was noted between the two instruments regarding the dimension “lieu’, the author proposes a re-working of his model.
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Revue des sciences de l’éducation, Vol. XXIV5 n0 2, 1998, p. 285 à 298 Dans le cadre d’une insertion socioprofessionnelle, systématisation de la dimension «lieu» Jacques Limoges1 Professeur Université de Sherbrooke Résumé – L’article fait l’historique de la dimension «lieu» intégrée au modèle Trèfle chanceux tt précise la double utilisation qui en a été faite dans le cadre d’une recherche menée à l’aide de deux instruments visant l’identification des positions d’employabilité, soit le logiciel Copilote Insertion et une entrevue semi-structurée. Ont participé à l’expérimentation 88 sujets répartis selon le sexe, la formation et l’expérience du marché du travail. Dans la majorité des comparaisons, à la fois instrumentales et interdimensionnelles, les corrélations sont significatives au seuil de 0,01. Pour chaque instrument, les quatre dimensions spécifiques au modèle reflètent bien l’ensemble des résultats. Toutefois, comme aucune corrélation n’est significative entre les deux instruments relativement à la dimension «lieu», l’auteur propose, pour la corriger, une resystématisation du modèle. Introduction Le présent texte porte sur les dimensions de l’insertion socioprofessionnelle, en particulier de la dimension «lieu» telle qu’elle est définie dans le modèle Trèfleceux. Dans un premier temps, nous faisons un bref historique de ce modèle ainsi que de son intégration dans le logiciel Copilote Insertion. Dans un deuxième temps, nous résumons les étapes d’une recherche de trois ans visant à valider ce logiciel «tréflé» pour le Québec, recherche qui a nécessité, entre autres, la création d’un protocole d’entrevue semi-structurée, les résultats globaux de cette recherche faisant concomitamment l’objet de quelques autres publications. Dans un troisième temps, nous nous attardons seulement aux résultats spécifiquement liés audit modèle obtenus par ces deux épreuves, soit le logiciel et l’entrevue. Or, il ressort que, en ce qui a trait à la dimension «lieu» de ce modèle, les résultats entre les deux different significativement. Enfin, après une interprétation plus serrée de ces résultats et en retournant au modèle initial, nous proposons une resystématisation de cette dimension.
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286 Revue des sciences de l’éducation Historique Le modèle Trèfle chanceux représente, d’une part, la démarche d’inclusion des sans-emploi étant parvenus à la phase «chômage créateur» (Limoges, 1983) et, d’autre part, les conditions nécessaires (dimensions, positions et démarche2) pour réussir carrié-rologiquement une insertion socioprofessionnelle à court terme. Ce modèle se compose de quatre dimensions, c’est-à-dire de l’environnement sociopoliticoéconomique (ESPE), du soi, du lieu, et de la méthode. Dans le même ordre, on retrouve quatre intersections. Pour la présente réflexion, ajoutons que, dès la première édition de ce modèle, par rapport à la définition de la dimension «lieu», Limoges, Lemaire et Dodier (1987): 1 ° ont distingué le lieu de travail3 du lieu de recherche d’emploi; 2° ont distingué les lieux dits des lieux non dits; 3° ont précisé que le choix de tels lieux doit se faire en tenant compte de la dimension «soi» et, partant, de la dimension «ESPE» puisque celle-ci se trouve déjà incorporée dans la dimension «soi» selon ce qu’en 1994, nous avons qualifié d’une métaphore chimico-organique (Limoges, 1994). Enfin, par de nombreux exemples, la définition initiale fait ressortir, indirectement il est vrai, comment et pourquoi cette dimension peut être facilement confondue tout particulièrement avec la dimension «méthode», même par les plus grands experts en ce domaine. En effet, dans une très large mesure, préciser où aller c’est choisir comment y aller. À titre d’exemple, poser sa candidature à une offre formelle d’emploi suppose vraisemblablement d’envoyer un curriculum vita, alors qu’explorer un emploi caché ne peut se faire que par un stage ou par du bénévolat. En 1991, en collaboration avec Boudreau (Limoges et Boudreau, 1988), nous avons proposé une taxinomie des éléments de cette dimension comportant trois thèmes: lieu de recherche d’emploi (en général), lieux de recherche d’emploi privilégiés et à privilégier par le sujet compte tenu de son projet, connaissance des employeurs potentiels pour ce sujet. Pour chacun de ces thèmes, deux indicateurs ont été spécifiés. À l’analyse, on découvre que les deux premiers thèmes vont du général au spécifique, de l’extra-personnel à l’intrapersonnel, donc vers le volet plus méthodologique du lieu pour ensuite aborder, dans le troisième, un volet plus environnemental ou ESPE grâce à une démarche misant sur la spécificité et sur l’extrapersonnalité. Le phénogramme4 annexé à cette taxinomie de 1991 confirme également cette analyse. Deux ans plus tard, après avoir confronté cette taxinomie aux facteurs du logiciel Copilote Insertion et en ce qui a trait à la dimension «lieu», Crête (1993) l’a revalidé presque intégralement; le seul ajout qu’elle y a fait se rapporte aux indicateurs du second thème. Plus spécifiquement, elle y a apporté une distinction entre l’emploi habituel
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Dans le cadre d’une insertion professionnelle, systématisation 287 et l’emploi irrégulier ou alternatif. Par ailleurs, dans le cadre de ce même essai, elle a regroupé les 116 énoncés de la première version de ce logiciel selon les quatre dimensions et les quatre intersections du modèle Trèfle chanceux. Après avoir justifié un ratio 4:18, soit 4 items par intersection et 18 par dimension, dans l’éventualité d’une «tréflisation» de ce logiciel, elle a recommandé ce qui suit par rapport à la dimension «lieu»: Š pour l’intersection «soi» x «lieu» représentée par la lettre x Ł récupérer deux énoncés du Copilote Insertion, Ł créer deux nouveaux énoncés; – pour la dimension «lieu» Ł récupérer trois énoncés du Copilote Insertion-, Ł créer quinze nouveaux énoncés; – pour l’intersection «lieu» x «méthode» représentée par la lettre y Ł récupérer un énoncé du Copilote Insertion; Ł créer trois nouveaux énoncés. Ce triptyque (1 dimension et 2 intersections) forme ce que nous avons appelé une aire, le cas échéant l’aire lieu. A elle seule, elle requiert vingt nouveaux énoncés en vue de la «tréflisation» du logiciel. En 1994, Clavier, auteur dudit logiciel, Limoges, concepteur dudit modèle, et Guédon, experte en psychométrie, ont poursuivi la réflexion de Crête. Pour le premier, il était impératif de ne pas induire les réponses et de ne pas allonger indûment l’épreuve, ce qui aurait eu un effet dissuasif tant sur les clients (déconcentration, fatigue, démotivation, etc.) que sur les administrateurs (temps, machines, lieux, coûts, etc.). Pour le second, les ratios devaient être le plus possible respectés afin de bien saturer les facteurs sans pour autant les surexposer. Pour la troisième, la formulation d’un item devait être courte, claire et le plus souvent possible à la forme affirmative. Après quelques journées de travail et non sans certaines réserves, l’équipe a retenu 170 énoncés. Au bout du compte, cela a donné: – huit énoncés pour l’intersection x; Š treize énoncés pour la dimension «lieu»; Š cinq énoncés pour l’intersection y. La première version «tréflée» du Copilote Insertion prenait forme. Retourné en France, Clavier a entrepris une première expérimentation de cette version auprès de quelques clients et les résultats ont été décevants; il arrivait que la partie «Trèfle» du logiciel contredise la partie «Copilote»! En accord avec Limoges, il a donc décidé de croiser le plus possible les énoncés, c’est-à-dire de faire en sorte que, lorsque c’était possible, un item se retrouve à la fois dans la partie Trèfle et dans la
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288 Revue des sciences de l’éducation partie Copilote. Pour l’ensemble du logiciel, cela a été le cas pour 98 des 170 énoncés, certains refaisant l’opération jusqu’à cinq fois. Conséquemment, côté Trèfle, – comme l’étude de Crête avait révélé que la dimension «lieu» était, à toute fin pratique, inexistante dans la version originale du logiciel, – il s’ensuit que, exception faite de l’intersection x, cette décision n’a eu que très peu d’impacts sur l’aire en question comme l’indique la compilation suivante: – treize énoncés pour l’intersection x; – vingt énoncés pour la dimension «lieu»; – sept énoncés pour l’intersection y. Par ailleurs et également dans le cadre d’un essai, Carrière (1995) a entrepris de faire une adaptation locale de cette version «tréflée» à l’aide de 10 sujets. Des 170 énoncés, 91 n’ont semblé présenter ni biais culturel ni confusion. À l’inverse, 19 énoncés sont apparus comme ambigus pour la majorité des sujets québécois. À la suite de ces résultats, l’équipe s’est réunie à nouveau. Tout en étant consciente, d’une part, que l’échantillon de Carrière était très restreint et que les sujets provenaient tous de la même région géographique et, d’autre part, que les versions locales d’un même logiciel devaient concorder le plus possible, une adaptation québécoise du Copilote Insertion, version «tréflée», a été créée aux fins d’expérimentation. Elle s’est intitulée Version Québec Recherche ou version 2.20. Elle a été utilisée dans la recherche triennale subventionnée par le Conseil de recherche en sciences humaines. Expérimentation Afin de valider cette version et cette adaptation dans un contexte québécois, un protocole d’entrevue de diagnostic des états d’insertion a été élaboré et prévalidé. Il comprend 21 questions, certaines ayant des; sous-questions ainsi que 5 échelles de vérification, hors entrevue, pour les facteurs liés à la communication écrite, au curriculum vita, aux techniques d’entrevue, à la formation et au cumul des risques. Par la suite, une grille de codification a été bâtie et préexpérimentée en ayant soin d’utiliser des descripteurs compatibles avec les 24 du logiciel. Bien que certaines catégories se révèlent moins opérationnelles, soit à cause de la subtilité du critère soit à cause du caractère abstrait du facteur, cette grille semble scientifique et est largement acceptable puisqu’elle présente un accord interjuge substantiel5 (Lahaie, 1995). Par la suite, un échantillon de 88 sujets répartis également en 8 sous-groupes a été constitué selon le sexe, la scolarité et l’expérience de travail. Chaque sujet a d’abord été accueilli, puis a passé le logiciel avec tout l’encadrement nécessaire. Dans un délai n’excédant pas une semaine, le sujet a été convoqué à nouveau en entrevue. Afin d’éviter tout biais à cause d’une première impression, cette entrevue a été menée par une conseillère, assistante de recherche, différente de celle ayant encadré la passation du logiciel. Pour chaque dimension, facteur et sous-groupe, des moyennes, des écarts-types, des mesures de consistances internes ont été calculés; des corrélations ont été faites entre le logiciel et l’entrevue.
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Dans le cadre d’une insertion professionnelle, systématisation 289 Les résultats de cette étape de recherche ayant fait l’objet de plusieurs publications (Guédon, Limoges et Clavier, 1994; Guédon et Limoges, 1996; Guédon, Limoges et Lahaie, 1996), soulignons simplement que la corrélation entre le logiciel et l’entrevue est significative à au moins 0,05 pour quatre des cinq domaines, exception faite du domaine «communication». Pour le même seuil, la corrélation est significative pour les deux tiers des facteurs, les résultats contraires pouvant être attribuables au fait que le logiciel a plus tendance à mesurer des perceptions ou des opinions tandis que l’entrevue exige plus fréquemment du factuel. En ce qui a trait aux sous-groupes, il ressort que la corrélation est particulièrement élevée pour les hommes, pour les sujets plus scolarisés et pour les sujets ayant moins d’expérience de travail. Par ailleurs, de façon plus spécifique, les quatre dimensions liées au modèle Trèfle chanceux se révèlent d’excellents prédicteurs des résultats pour l’ensemble du logiciel. Cependant, comme on peut le constater dans le tableau 1, relativement à la dimension «lieu», les deux instruments diffèrent signifi-cativement puisqu’on n’y retrouve aucune corrélation significative. Tableau 1 Les dimensions du Trèfle chanceux: corrélations entre le logiciel et l’entrevue Hommes Femmes Secondaire V et plus Moins que le secondaire V Expérience de 3 ans et plus Expérience de moins de 3 ans Totaux * significative au seuil de 0,05; N 46 42 47 41 45 43 88 EPSE -0,63** -0,33** -0,51** -0,42** -0,42** -0,60** -0,50** Soi -0,54** -0,03 -0,31* -0,24 -0,18 -0,45** -0,32** ** significative au seuil de 0,01. Lieu -0,22 0,03 0,07 -0,15 0,12 -0,28 -0,11 Méthode -0,50** -0,17 -0,38** -0,20 -0,24 -0,43** -0,36** L’analyse plus approfondie de ces données révèle plusieurs constats. Premièrement, lorsque Lahaie a construit son protocole d’entrevue, elle est partie du modèle Trèfle chanceux et ce n’est qu’à la fin de l’exercice qu’elle a formalisé un rapprochement entre les facteurs et les domaines du logiciel Copilote Insertion; la première étape a été relativement facile puisqu’elle avait une excellente connaissance du modèle6. A la deuxième étape, c’est-à-dire lors du rapprochement avec le logiciel, elle a dû se familiariser avec les diverses définitions des facteurs et les dimensions de ce dernier. Deuxièmement, toujours à propos de la dimension «lieu», comme d’ailleurs pour l’ensemble des comparaisons entre les deux instruments, la mise en parallèle des questions et des énoncés révèle, d’une part, plus de spécificité et plus de «factualité» du côté de l’entrevue et, d’autre part, plus de généralité et plus d’autoévaluation du côté du logiciel. Mais, par rapport à la dimension «lieu», cette différence va plus loin. Comme l’indique le tableau 2, l’analyse quantitative ou statistique (corroborée par une analyse qualitative des contenus des questions et des énoncés spécifiques à cette dimension)
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Dans le cadre d’une insertion professionnelle, systématisation 291 confond avec le lieu idéal ou rêvé de travail9 – lieu conçu dirait Nuttin (1980), – et celui-ci avec le lieu de recherche d’emploi; en quelque sorte10, ce pôle-là mise plus sur le long terme alors que celui-ci vise davantage sur le moyen terme et le court terme. Entre ces deux pôles, allant du principe de vie au principe de mort en passant par celui de survie, se retrouve un continuum qui représente une multitude de situations intermédiaires, certaines – consciemment ou non – misant davantage sur un étalement dans le temps, d’autres plus dans l’espace, mais, reprenant la nomenclature de Boutinet (1994), toujours génératrices de trajet, de rejet et chacune nécessitant un surjet11 particulier. À ce pôle ultime (ou gros plan), la dimension «lieu» rejoint le besoin d’actualisation du sujet, son besoin d’être et d’avoir un projet, surtout un projet porteur de vie. Toujours à ce bout du continuum, le mot lieu est essentiellement singulier et embrasse à la fois le temps et l’espace; en d’autres termes, c’est le mariage du «faire» et du «être», autrement dit du principe masculin et du principe féminin. Ce pôle ultime appelle de la part du sujet une réponse à des questions comme: – Quelle serait pour toi la situation idéale de travail? – Écris avec le plus de détails possible ta définition d’une situation idéale ou rêvée de travail; précise-les où, les quand et les comment de cette situation. Demande ensuite à tes amis ou à ton groupe de t’aider à étoffer davantage et de façon plus critique cet énoncé professionnel de vie. {Š travail idéal – projet professionnel de vie – actualisation de soi Survie ( ~ comPromis noble l – rejet r communical 18 % ^1* l architectural de l’offre {équivalent 82 % intentionnel de l’offre caché Y Mort Dimension «ESPE» /7 ,Ł’ Dimension «soi» Ultime (lieu d’emploi) I l Intermédiaire (lieu de recherche d’emploi) © Jacques Limoges Dimension «méthode» Figure 1 – Systématisation de la dimension «lieu»
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292 Revue des sciences de l’éducation Comme l’ensemble du modèle Trèfle chanceux, la dimension «lieu» fait partie d’une stratégie d’insertion socioprofessionnelle. Toujours à ce bout du continuum, cela revient à dire explorer pleinement les lieux de recherche d’emploi qui se confondent presque intégralement avec le lieu rêvé de travail, c’est-à-dire explorer: – les sous-sites de ce lieu rêvé (bureau de direction, bureau du personnel, cafétéria, salle de conseil, congrès, colloques, etc.); – les endroits permettant de côtoyer les futurs employeurs ou supérieurs (conseil d’administration, assemblée générale, chambre de commerce, comité régional de concertation, travail contractuel, etc.). Inévitablement, tout écart volontaire ou non de ce lieu idéal ou rêvé fait glisser lentement vers l’autre bout du continuum, c’est-à-dire vers ce bout-ci où le lieu devient intermédiaire, généralement pluriel et, partant, exigeant des délais, des compromis; bref, des étalements dans le temps ou dans l’espace habituellement en alternance. Entre le sujet et le projet apparaît alors le trajet comportant encore plus de rejets pour le client: – Si tu ne peux avoir exactement ce que tu veux, sur quoi es-tu prêt à céder (par exemple, temps partiel plutôt que temps plein, contractuel plutôt que permanent, télétravail plutôt que poste en entreprise, etc.)? – Pour combien de temps et dans quelle(s) condition(s) (par exemple, souplesse d’horaire, service de garde, remboursement de frais, etc.)? – Où et comment pourras-tu retrouver ce que tu viens de céder temporairement (par exemple, du statut par le biais du comité de parents de l’école de ton enfant, les relations par le biais d’une expérience de grand-frère, des réalisations par le biais d’un retour partiel aux études, etc.)? – Comment prévois-tu étaler dans le temps et dans l’espace la récupération de ces aspects différés de ton rêve? – Autrement dit, par quel(s) autre(s) sous-projet(s) de vie crois-tu pouvoir satisfaire ce besoin (par exemple, projet d’actualisation, projet parental, projet économique, etc.)? Plus spécifiquement, lorsque l’avenue empruntée par le trajet est d’ordre spatial, cela peut signifier chercher l’emploi rêvé dans un autre lieu (entreprise équivalente ou de moindre envergure, plus petite ou plus éloignée géographiquement, travail subventionné12, travail au «gris», etc.). Lorsque l’avenue retenue est plutôt d’ordre temporel, cela peut amener à considérer un trajet plus long, exigeant plus de temps pour atteindre le lieu rêvé comme: – Quel (s) emploi(s) connexe(s), moins prestigieux ou en deçà de tes compétences serais-tu prêt(e) à prendre dans l’entreprise correspondant à ton lieu idéal?
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Dans le cadre d’une insertion professionnelle, systématisation 293 – Pourrais-tu considérer cet emploi idéal sous d’autres conditions (contractuel, pigiste, saisonnier, partiel, etc.)? Plus il y aura d’écarts entre le choix professionnel actuel et le lieu idéal ou rêvé, plus il faudra surveiller la ligne séparant les compromis nobles des compromis avilissants, c’est-à-dire des compromis assurant la vie, sinon la survie, des compromis porteurs de mort, c’est-à-dire ceux faisant fi des besoins, des valeurs et des intérêts minimaux. La noblesse d’un compromis peut être atteinte par l’étalement de ses retombées dans le temps et dans l’espace ou encore par les autres sous-projets de vie proposés par Goguelin (1992): projet social (pouvoir), projet économique (avoir), projet parental (aimer), projet développement personnel (être). Ici, à l’autre pôle du continuum, on se rappelle que ladite dimension s’apparente au lieu de recherche d’emploi pour ne pas dire aux lieux de recherche d’emploi et de travail. Dans ce contexte, les nouvelles réalités du marché de l’emploi obligent de distinguer, de plus en plus, les lieux dits des lieux non dits; les lieux dits pouvant prendre soit une forme de communication (journaux, terminaux des centres d’emploi, téléoffres, etc.), soit une forme architecturale (centre d’emploi public ou privé, bureau de placement spécialisé, centrale syndicale, etc.). Quant aux lieux non dits, ils peuvent se diviser en au moins trois sous-catégories. D’abord, il y a les lieux équivalents, comme chercher du travail chez Catelli parce qu’il n’y a rien présentement chez Culinar (lequel lieu représente le lieu idéal et rêvé pour le sujet). Cette sous-catégorie occupe la zone mitoyenne entre les pôles ultime et intermédiaire, entre le lieu de travail et le lieu de recherche d’emploi. Viennent ensuite les lieux intentionnels. En effet, entre la décision d’ouvrir un poste et l’embauche d’une candidate ou d’un candidat visant à le combler, il peut s’écouler plus d’une année (recommandation du département, approbation par le conseil administratif, élaboration de la stratégie de recrutement, révision des épreuves de l’annonce, publication de l’offre d’abord à l’interne puis plus tard à l’externe, réception des candidatures, entrevues, prise de décision, négociations de clauses spécifiques, etc.). Dans cette seconde catégorie, l’objectif est justement de court-circuiter ces longs processus. Cela suppose «d’être au courant», c’est-à-dire d’être là physiquement ou électroniquement: emploi étudiant, congrès, colloque, stage, bénévolat d’investissement, personne intraentreprise servant de relais entre l’employeur et le sujet concerné. Un emploi étudiant, un stage, du bénévolat d’investissement, une lecture attentive du rapport annuel d’une entreprise, l’examen de la nécrologie, des annuaires de téléphone ou du matériel disparate trouvé quotidiennement dans sa boîte aux lettres sont autant de moyens pour dénicher les lieux non dits. Les données les plus récentes indiquent qu’actuellement, environ 82 % des offres d’emploi passent par ce canal alors qu’un faible 18 % empruntent le canal «dit». Si, à la figure 1, les lieux intermédiaires de recherche d’emploi apparaissent tout au bas, c’est que le statut des offres non dites les rend plus floues et donc plus risquées,
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294 Revue des sciences de l’éducation c’est-à-dire potentiellement plus près d’enjeux porteurs de mort. En effet, dans les offres non dites, le fardeau de la preuve revient au sujet; s’il a réussi, tout le crédit sera pour lui, mais s’il a erré, il sera le seul à blâmer. Alors, avant d’aborder le non-dit, il doit s’assurer de bien répondre aux questions comme: – Y a-t-il vraiment un potentiel d’emploi, au moins de travail, dans cette offre non dite? – Telle prospection (par exemple, les annuaires) permet-elle d’identifier les vrais paradigmes d’un emploi ou d’un travail potentiel? – La concrétisation de la démarche vaut-elle les risques économiques, temporels et émotifs? Évidemment, plus on glisse vers le bas de ce tableau, plus on doit nécessairement parler de méthode. Alors, les dimensions «lieu» et «méthode» se confondent presque; comme nous le disions précédemment, spécifier où aller c’est le plus souvent choisir comment y aller. Applications Cette resystématisation de la dimension «lieu» permet au moins deux applications. En ce qui a trait au diagnostic de l’employabilité, compte tenu des lacunes identifiées par la recherche, les nombreuses questions et les divers jalons proposés dans la section précédente servent déjà, d’une part, à revoir dans les deux instruments les énoncés actuels spécifiques à cette dimension et, d’autre part, à en créer de nouveaux afin d’assurer une meilleure couverture de la réalité représentée par la dimension «lieu». Cela revient à dire, comme l’indique la figure 2 inspirée de la précédente, qu’il serait pertinent, d’une part, de développer des items couvrant la partie supérieure du continuum et, d’autre part, de reformuler les énoncés pouvant être interprétés comme portant trop sur la méthode dans le logiciel ou trop sur le soi dans l’entrevue. Par ailleurs, à la lumière de la systématisation précédente, il serait à propos d’ajouter, dans les deux instruments, plus d’énoncés portant sur le(s) lieu(x) intermédiaire (s), en particulier sur les lieux intentionnels et cachés afin d’élargir, pour ainsi dire, le dit continuum. À propos de l’intervention, il arrive que le besoin se fasse sentir d’exploiter systématiquement ladite dimension individuellement ou en groupe. C’est particulièrement le cas lorsque l’intervention vise des chômeurs de longue durée, des immigrants, des personnes qui reviennent sur marché du travail après une longue absence (maternité, paternité, hospitalisation, incarcération, etc.). Par exemple, au Québec, les nouveaux Services d’insertion socioprofessionnelle (SIS) de la Direction de la formation générale des adultes (DFGA) incluent une prestation optionnelle et personnalisée propre à la dimension «lieu» (c’est-à-dire volet 2.1.3 des SIS) pouvant dépasser 25 heures. Dans ce cas, on peut faire en sorte que les objectifs intermédiaires de contenu d’une telle prestation couvrent l’ensemble de la figure I, c’est-à-dire de haut en bas
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